Kanyabayonga : le royaume de la terreur

Des groupes armés rwandais et congolais multiplient des incursions dans la ville de Kanyabayonga, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Où sont passées l’armée et la mission des Nations unies pour la « stabilisation du pays » ?

 

Kanyabayonga se situe à quelque 150 km de la ville de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, dans l’est de la RDC. C’est la partie du territoire congolais encore en proie à l’activisme continu des groupes armés nationaux et étrangers. D’ailleurs, les Nations unies avaient décidé de proroger le mandat de sa mission pour aider le gouvernement congolais à « asseoir l’autorité de l’Etat » sur toute l’étendue du territoire national : la Monusco (Mission des Nations unies pour la stabilisation du Congo) a été mise en place par la Résolution 1925 du 28 mai 2010, avec un effectif pouvant atteindre plus de 19 000 soldats, essentiellement déployés dans l’est du pays.


Populations civiles désabusées

Population du Kivu (Julien Harneis/Flickr/CC)

 

Des Maï-Maï. Hier, on les croyait milices autochtones constituées pour protéger les populations locales ou pour défendre leurs villes contre les agresseurs étrangers. Aujourd’hui, la plupart d'entre se sont littéralement détournés de leur objectif. Ils s’associent aux groupes armés étrangers comme les FDLR (Forces démocratiques pour la libération du Rwanda) pour perpétrer des exactions contre les populations locales.


A Kanyabayonga, la population ne peut même pas compter sur les éléments de l’armée régulière pour la protéger. Actuellement - et ce n’est pas une blague -, la ville ne compte aucun soldat des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC). Une situation qui permet aux groupes armés nationaux et étrangers à poursuivre leur sale besogne. Un responsable de l’armée a laissé entendre qu’il revient aux unités de la police de protéger les civils contre les attaques des miliciens, parce que les militaires sont partis en formation. Mais quelle police pour suppléer à l’armée ? Une police mal équipée et sans moyens nécessaires de combat.


La population peut-elle se tourner vers la Monusco ?

Les unités de la Monsco (UN Development Programme/Flickr/CC)

 

La Résolution 1925 du Conseil de sécurité de l’ONU a confié aux éléments de la Monusco le mandat de protéger les civils, « se trouvant sous la menace imminente de violences physiques, en particulier de violences qui seraient le fait de l’une des parties au conflit ».


Pourtant, depuis mi-avril, des hommes armés identifiés comme Maï-Maï et membres de la FDLR font régner la loi dans le territoire de Lubero. Ils contrôlent déjà tout le Nord et une partie du Sud de cette région et menacent d’occuper Kanyabayonga, le chef-lieu de Lubero. Pour l’instant, ils surgissent, pillent, violent et s’en vont. Il n’y a personne pour les inquiéter. Seulement une voix, celle de Dominique Bofombo, administrateur du territoire, qui demande aux responsables de l’armée congolaise de déployer des troupes pour sauver la cité. La Monusco ? On ne la voit pas non plus.


Même si hier, à Stuttgart (Allemagne), le procès de deux chefs rebelles FDLR a été ouvert, sur le terrain, rien n’a changé. Des exactions contre les populations civiles se poursuivent. En toute impunité. La dernière incursion des FDLR coalisées avec les Maï-Maï date du 2 mai dernier à Kanyabayonga. Comment protéger les civils de cette partie du Congo, abandonnés au bon vouloir des seigneurs de guerre rwandais et congolais ? C’est toute la question.

 

Photo : Deux enfants dans un village de Kivu (Grassroots Group/Flickr/CC)
 

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