RDCongo : à qui profite la présence continue des groupes armés étrangers ?

Les FARDC en exercice de secourisme (Us Army Africa/Flickr/CC)

 

Des bruits de bottes des rebelles ougandais se font toujours entendre au nord de la RDCongo. A l’est, le groupe rebelle rwandais (FDLR) ne désarme pas. Au sud, les Angolais, armée régulière et rebelles, s’affrontent. Un bazar sur le sol congolais.

 

Faut-il le rappeler ? La République Démocratique du Congo porte un péché congénital, source de tous ses malheurs. Son sol et son sous-sol sont d'une richesse scandaleuse. On y trouve des minerais de toutes sortes (coltan, diamant, cobalt, zinc, or, cuivre, manganèse, ...). Ses forêts constituent le deuxième poumon de la planète après l’Amazonie. Le pays possède une faune exceptionnelle regorgeant des espèces rares (okapis, bonobos, gorilles, …). Le tout sur un espace territorial quatre fois plus étendu que la France. Cette richesse suscite des convoitises des pays limitrophes, voire des puissances mondiales.

 

Vue aérienne du territoire de Masisi à l'est de la RDCongo (United Nations Photo/Flickr/CC)

 

La première guerre mondiale africaine
Il y a peu de temps, le territoire congolais était le champ de bataille des armées des Etats limitrophes. De 1998 à 2003, les armées régulières du Rwanda, de l’Ouganda et, dans une certaine mesure, du Burundi, appuyant des groupes rebelles congolais, se sont affrontées à celles de l’Angola, du Zimbabwe et de la Namibie, venues à la rescousse du pouvoir de Kinshasa.

 

C’est un secret de polichinelle : chacun de ces pays poursuivait diversement des intérêts économiques sur le sol congolais. Certains, en prêtant mains fortes aux troupes gouvernementales, ne s’étaient littéralement payés sur la bête. Les autres, aux côtés de rebelles congolais, s’étaient distingués dans l’exploitation illégale des ressources naturelles dans les zones qu’ils occupaient.

 

Durant toutes ces années, on n’avait pas trop vu l’armée rwandaise à la traque des des rebelles hutus rwandais retranchés dans les zones qu’elle contrôlait. La présence de ces FDLR à l’est du Congo n’aura servi qu’à justifier l’intervention de l’armée rwandaise sur le sol congolais. La priorité était ailleurs : le pillage des ressources naturelles ! Il n’était pas du tout de l’intérêt du Rwanda de démanteler les camps des FDLR. De peur de faire disparaître le prétexte de la présence de ses troupes sur le territoire d’un Etat souverain. Il en est de même de l’Ouganda, avec ses rebelles de la LRA.

 

Un enfant congolais dans un camp de déplacés de Kibati au Kivu, entre les positions de l'armée régulière congolaise et l'ancienne rebellion de Laurent Nkunda, en 2008 (Julien Harneis/Flickr/CC)


En 2002, un rapport d’experts de l’ONU mentionnait déjà : "La plus grande partie de la colombotantalite exportée de l’est de la République démocratique du Congo (pas moins de 60 à 70 %), est extraite sous la surveillance directe des superviseurs de l’Armée patriotique rwandaise (APR, armée régulière du Rwanda, ndb) préposés aux activités minières et évacuée directement vers Kigali ou Cyangugu par avion, à partir des aérodromes proches des mines. Aucune taxe n’est versée. Des avions militaires rwandais, des avions de Victor Bout et de petites compagnies aériennes sont utilisés pour transporter le coltan."


Du côté des alliés du gouvernement congolais, le même rapport notait : "Les officiers supérieurs des forces zimbabwéennes se sont personnellement enrichis grâce à l’exploitation des ressources minières de la République démocratique du Congo sous couvert d’arrangements visant à rétribuer le Zimbabwe pour la prestation de services militaires."

 

Après la guerre = avant la guerre
En 2003, la guerre a vécu. Des négociations de paix ont abouti au partage du pouvoir entre le gouvernement en place et les différents groupes rebelles. Des forces étrangères ont quitté officiellement le territoire congolais.

 

Pas question pour ces pays d’abandonner ce qui est devenu leur chasse gardée. Ils font tout pour garder une mainmise sur le contrôle des mines au Congo. Avec la bénédiction de certaines multinationales occidentales.

 

Bande annonce de Blood in mobile, un documentaire sur le financement de la guerre au Congo par l'industrie électronique

 

Plus le Congo sera instable, plus ils en profiteront. Avec la complicité des Congolais, hélas ! Des groupes armés nationaux et étrangers (rwandais, ougandais et angolais, pour ne citer que les principaux) éparpillés ça et là contribuent à pérenniser le pillage systématique des ressources naturelles congolaises. Ces bandes armées sont entretenues tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays.

 

Les populations congolaises deviennent victimes des richesses que regorgent leurs terres. Abandonnées à leur triste sort, elles continuent à subir, jour après jour, des exactions des rebelles hutus rwandais des FDLR et des autres groupes armés toujours actifs dans certains coins du pays.

 

Extrait du journal d'hier soir, 6 mai, sur Radio Okapi

 

Au nord-est, ce sont des rebelles ougandais de la LRA qui font de temps en temps des incursions dans des villages. Comme si cela ne suffisait pas, plus au sud, vers la frontière avec l’Angola, des villages sont vidés de leurs habitants. Et pour cause : l’armée angolaise traque actuellement les rebelles du FLEC (Front de libération de l’enclave de Cabinda).

Les forces gouvernementales congolaises soutenues par les éléments de la mission de l’Onu pour la stabilité du Congo (Monusco) viennent de lancer une nouvelle opération contre les FDLR à Katemba, une localité du Nord Kivu, à l’est du pays. Cela se limitera-t-elle à les repousser hors du village ? Jusqu’ici, cette stratégie n’a pas payé. Les FDLR resurgissent toujours et le cycle continue. Plus de 10 ans depuis que ça dure !

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